
Le dispositif à tourbillon représente une innovation majeure dans l'industrie brassicole moderne. Cette technologie, connue également sous le nom de whirlpool, constitue une étape cruciale entre l'ébullition du moût et sa fermentation. Son principe repose sur la création d'un mouvement circulaire contrôlé qui permet de séparer efficacement les particules en suspension du liquide, améliorant ainsi la clarté et la qualité organoleptique de la bière finale. L'exploitation des forces hydrodynamiques naturelles permet d'optimiser ce processus sans ajout d'additifs chimiques, respectant ainsi l'authenticité et la pureté du produit que recherchent tant les consommateurs que les brasseurs.
L'intérêt pour les systèmes à tourbillon s'est considérablement accru ces dernières décennies, poussé par la recherche d'efficacité énergétique et de qualité constante dans la production. Les dispositifs modernes intègrent des technologies de pointe qui maximisent la séparation des trubs chauds (résidus protéiques et particulaires) tout en préservant les composés aromatiques essentiels du houblon. Cette technique, d'apparence simple mais reposant sur des principes physiques complexes, illustre parfaitement comment l'innovation technique peut s'inspirer des phénomènes naturels pour résoudre des défis industriels.
Principes fondamentaux du brassage à tourbillon whirlpool
Le brassage à tourbillon, ou whirlpool, repose sur un principe physique fondamental : la création d'un mouvement circulaire dans le moût chaud après ébullition. Ce processus exploite les forces centrifuges pour concentrer les particules solides au centre de la cuve, formant ce que les brasseurs appellent familièrement le "cône de trub". Les dispositifs à tourbillon fonctionnent en injectant tangentiellement le moût bouilli dans une cuve cylindrique, ce qui génère naturellement un mouvement rotatif. Cette rotation provoque un gradient de pression qui pousse les particules solides vers le centre du récipient.
L'efficacité du whirlpool dépend de plusieurs facteurs critiques. La température du moût, généralement maintenue entre 85°C et 95°C, influence directement la viscosité du liquide et, par conséquent, l'efficacité de la séparation. Un contrôle précis de cette température est essentiel pour optimiser le processus sans provoquer l'extraction d'amertumes indésirables des matières en suspension. Le temps de repos, habituellement compris entre 20 et 45 minutes, permet aux particules de se déposer correctement au centre de la cuve.
La perfection d'un whirlpool ne se mesure pas uniquement à la clarté du moût obtenu, mais aussi à sa capacité à préserver les composés aromatiques volatils du houblon tout en éliminant efficacement les substances indésirables.
Le whirlpool remplit plusieurs fonctions essentielles dans le processus de brassage. En premier lieu, il élimine les protéines coagulées lors de l'ébullition, qui pourraient provoquer des troubles dans la bière finale. Il permet également de séparer les particules de houblon et autres matières végétales tout en conservant leurs huiles essentielles dissoutes. Cette séparation contribue significativement à la stabilité colloïdale du produit final et à sa brillance visuelle, deux critères de qualité hautement valorisés par les consommateurs.
L'un des avantages majeurs du whirlpool est qu'il constitue une méthode de clarification entièrement naturelle, sans recours à des additifs ou des agents de filtration. Cet aspect est particulièrement important pour les brasseries artisanales qui cherchent à maintenir un profil de production le plus naturel possible. De plus, bien conçu, un système à tourbillon permet de réduire les pertes de moût qui restent piégées dans les sédiments, améliorant ainsi le rendement global du processus de brassage.
Évolution technologique des systèmes à tourbillon depuis 1990
Depuis les années 1990, les systèmes à tourbillon ont connu une évolution technologique remarquable, transformant radicalement leur efficacité et leur intégration dans les processus de brassage. Cette période a été marquée par une transition des méthodes empiriques vers des approches scientifiques fondées sur la mécanique des fluides et l'optimisation numérique. Les premiers dispositifs, souvent rudimentaires et basés sur des observations pratiques, ont progressivement cédé la place à des systèmes sophistiqués dont chaque paramètre est calculé avec précision pour maximiser le rendement et la qualité.
La révolution numérique a permis l'émergence de modèles de simulation capables de prédire le comportement des fluides dans différentes configurations de cuves. Ces avancées ont conduit à une meilleure compréhension des phénomènes turbulents impliqués et à l'optimisation des géométries des équipements. Les brasseurs modernes peuvent désormais s'appuyer sur des données scientifiques solides plutôt que sur la seule expérience empirique pour concevoir leurs installations.
Le brevet huppmann et la révolution des cuves cylindro-coniques
Le brevet Huppmann, déposé au début des années 1990, a marqué un tournant décisif dans la conception des systèmes à tourbillon. Cette innovation a introduit la forme cylindro-conique comme standard pour les cuves de whirlpool, améliorant considérablement l'efficacité de la séparation des trubs. La géométrie particulière de ces cuves favorise la formation d'un tourbillon plus stable et régulier, tout en facilitant la concentration des sédiments au centre du fond conique.
L'apport majeur du brevet Huppmann réside dans l'optimisation de l'angle du cône et du rapport entre le diamètre et la hauteur de la cuve. Ces paramètres, apparemment simples, ont une influence considérable sur la dynamique des fluides à l'intérieur du récipient. Les cuves cylindro-coniques permettent d'obtenir un mouvement rotatif qui se maintient plus longtemps après l'arrêt de l'injection, améliorant ainsi la séparation sans consommation énergétique supplémentaire.
Cette innovation a également introduit des entrées tangentielles multiples, permettant une meilleure distribution de l'énergie cinétique et réduisant les zones mortes à l'intérieur de la cuve. Le système d'évacuation central, positionné stratégiquement au-dessus du cône de trub, permet de récupérer un moût plus clair tout en minimisant les pertes.
Technologie vortex de briggs et optimisation des flux circulaires
La technologie Vortex, développée par Briggs dans les années 2000, a poussé encore plus loin l'optimisation des flux circulaires dans les dispositifs à tourbillon. Cette avancée majeure se caractérise par l'intégration d'injecteurs orientables et de déflecteurs internes qui permettent d'ajuster avec précision le profil d'écoulement en fonction des caractéristiques spécifiques du moût à traiter.
Le système Vortex se distingue par sa capacité à maintenir un vortex stable même avec des variations de viscosité importantes, un défi récurrent dans l'industrie brassicole où chaque recette présente des propriétés rhéologiques différentes. Les injecteurs à géométrie variable permettent d'adapter la vitesse et l'angle d'entrée du moût, optimisant ainsi la formation du tourbillon selon les besoins spécifiques de chaque brassage.
L'apport de cette technologie s'est également manifesté dans l'automatisation du processus. Des capteurs de turbidité et de débit intégrés permettent désormais un contrôle en temps réel de l'efficacité de la séparation, avec ajustements automatiques des paramètres d'injection pour maintenir des performances optimales tout au long du cycle.
Système BrauKon WhirlMaster et contrôle précis des turbulences
Le système BrauKon WhirlMaster, introduit au milieu des années 2010, représente une avancée significative dans le contrôle précis des turbulences au sein des dispositifs à tourbillon. Cette innovation intègre des capteurs de flux avancés qui permettent une visualisation en temps réel du comportement du moût dans la cuve, offrant aux brasseurs un niveau de contrôle jusqu'alors inégalé.
La particularité du WhirlMaster réside dans son approche biphasique du processus. Une première phase de rotation intense assure la formation initiale du tourbillon, suivie d'une phase de rotation modérée soigneusement calibrée pour maintenir les particules en suspension sans perturber le dépôt central déjà formé. Cette méthode en deux temps améliore significativement l'efficacité globale du processus tout en réduisant la durée totale nécessaire.
L'architecture du système comprend également des éléments de contrôle thermique intégrés qui permettent de maintenir un gradient de température optimal entre les différentes zones de la cuve. Cette gestion thermique fine favorise la formation d'un cône de trub plus compact et stable, réduisant ainsi les pertes de moût et améliorant la qualité de la clarification.
Innovations GEA avec le dispositif HydroWhirl pour brasseries industrielles
Le dispositif HydroWhirl développé par GEA représente l'une des innovations les plus récentes dans le domaine des systèmes à tourbillon pour les brasseries industrielles. Cette technologie de pointe, lancée vers 2018, combine des principes hydrodynamiques avancés avec une automatisation intelligente pour atteindre des niveaux de performance exceptionnels dans des contextes de production à grande échelle.
Le HydroWhirl se caractérise par son système d'injection multi-niveaux qui crée un tourbillon tridimensionnel complexe plutôt qu'un simple mouvement circulaire bidimensionnel. Cette approche résout l'un des problèmes récurrents des grands systèmes industriels : la diminution de l'efficacité avec l'augmentation du volume. En créant des courants secondaires contrôlés, le système maintient une performance optimale même dans des cuves de plusieurs dizaines de milliers de litres.
GEA a également intégré des technologies de CFD
(Computational Fluid Dynamics) pour optimiser en temps réel les paramètres d'opération en fonction des caractéristiques spécifiques de chaque lot. Cette approche prédictive permet d'anticiper le comportement du moût et d'ajuster proactivement les paramètres pour maintenir une efficacité maximale tout au long du processus.
Mécanismes hydrodynamiques dans la formation du tourbillon
Les mécanismes hydrodynamiques qui gouvernent la formation d'un tourbillon dans un dispositif whirlpool relèvent de principes physiques complexes mais fascinants. Au cœur de ce processus se trouve l'interaction entre les forces d'inertie, la viscosité du fluide et les gradients de pression qui se développent au sein du volume liquide en rotation. Lorsque le moût est injecté tangentiellement dans la cuve, la quantité de mouvement initiale se propage progressivement à l'ensemble du volume, créant un mouvement rotatif global caractérisé par un profil de vitesse non uniforme.
La dynamique des fluides dans un whirlpool peut être divisée en plusieurs phases distinctes. D'abord, une phase transitoire pendant laquelle le mouvement de rotation s'établit dans l'ensemble du volume. Ensuite, une phase de stabilisation où le profil d'écoulement atteint un état quasi-stationnaire. Enfin, une phase de décélération après l'arrêt de l'injection, pendant laquelle le mouvement persiste grâce à l'inertie du fluide tout en diminuant progressivement sous l'effet des forces de frottement.
L'une des caractéristiques les plus importantes de cette dynamique est la formation d'une surface libre parabolique, résultat de l'équilibre entre la force centrifuge et la gravité. Cette déformation de surface est un indicateur visuel de l'intensité du tourbillon et influence directement l'efficacité de la séparation des particules. Un tourbillon trop intense peut provoquer une déformation excessive qui perturbe la stabilité du cône de trub, tandis qu'un tourbillon trop faible ne génère pas suffisamment de force centrifuge pour une séparation efficace.
Forces centrifuges et circulation des particules en suspension
Les forces centrifuges jouent un rôle prépondérant dans la circulation et la séparation des particules en suspension au sein d'un dispositif à tourbillon. Ces forces, proportionnelles à la masse des particules, à leur distance par rapport à l'axe de rotation et au carré de la vitesse angulaire, créent un gradient radial qui influence fortement le comportement des solides en suspension.
Contrairement à l'intuition première, les particules solides ne sont pas simplement projetées vers la paroi extérieure de la cuve. La dynamique réelle est plus complexe, impliquant des courants secondaires qui transportent les particules vers le centre du fond de la cuve. Ce phénomène, parfois appelé paradoxe du thé par analogie avec le comportement des feuilles de thé dans une tasse agitée, résulte de la combinaison des forces centrifuges avec les courants de convection verticaux qui se développent naturellement dans le fluide en rotation.
La circulation effective des particules dépend également de leur taille et de leur densité. Les grosses particules ou celles de densité élevée répondent plus rapidement aux forces centrifuges, tandis que les particules fines peuvent rester en suspension plus longtemps. Cette différence de comportement permet une certaine sélectivité dans la séparation, contribuant à la qualité finale du moût clarifié.
Modèle de rankine appliqué aux moûts houblonnés
Le modèle de Rankine, initialement développé pour décrire les écoulements tourbillonnaires dans les fluides parfaits, trouve une application particulièrement pertinente dans l'analyse du comportement des moûts houblonnés dans un dispositif whirlpool. Ce modèle mathématique divise l'écoulement en deux régions distinctes : un noyau central en rotation solide et une région extérieure où la vitesse tangentielle décroît inversement proportionnellement à la distance depuis le centre.
Dans le contexte spécifique du brassage, ce modèle doit être adapté pour tenir compte des propriétés non-newtoniennes du moût, particulièrement prononcées à haute température et en présence de protéines et de polyphénols. Les études récentes utilisant des techniques d' imagerie par vélocimétrie de particules montrent que le profil de vitesse dans un whirlpool réel
s'écarte significativement des prédictions théoriques, notamment près des parois et dans les zones de transition. L'adaptation du modèle de Rankine prend ainsi en compte des facteurs spécifiques comme le taux d'amertume, la concentration en protéines et la température du moût pour établir des prévisions plus précises du comportement du fluide.
Les analyses empiriques montrent que dans les moûts houblonnés, la région centrale du tourbillon présente souvent un comportement plus complexe que celui prédit par le modèle classique. Les interactions entre les particules de houblon, les protéines coagulées et les polyphénols créent des micro-turbulences qui modifient localement les propriétés de l'écoulement. Ces phénomènes, bien que difficiles à modéliser avec précision, sont désormais mieux compris grâce aux techniques d'imagerie avancées et aux capteurs de flux miniaturisés.
L'application du modèle de Rankine modifié permet aux brasseurs d'optimiser les paramètres géométriques de leurs installations, notamment en déterminant le rapport optimal entre le diamètre de la cuve et la vitesse d'injection du moût. Ces calculs, autrefois réservés aux grandes brasseries disposant de ressources en R&D importantes, sont aujourd'hui accessibles même aux microbrasseries grâce à des logiciels spécialisés intégrant ces modèles mathématiques adaptés.
Paramètres viscosité-densité et leur influence sur l'efficacité du whirlpool
La viscosité et la densité du moût constituent deux paramètres fondamentaux qui déterminent largement l'efficacité d'un système à tourbillon. Ces propriétés physiques varient considérablement en fonction de la composition du moût, de sa température et de son degré Plato (concentration en sucres). Un moût plus dense nécessite généralement une vitesse d'injection plus élevée pour établir un tourbillon efficace, tandis qu'un moût plus visqueux tend à maintenir plus longtemps le mouvement rotatif une fois celui-ci établi.
La relation entre viscosité et température suit une courbe exponentielle inverse dans le cas des moûts brassicoles. À 95°C, la viscosité peut être jusqu'à 40% inférieure à celle observée à 80°C, ce qui influence directement la dynamique du tourbillon. Les brasseurs expérimentés exploitent cette relation en ajustant précisément la température du whirlpool pour optimiser la séparation des trubs sans compromettre la stabilité des composés aromatiques sensibles à la chaleur.
Un changement de seulement 5°C dans la température du whirlpool peut modifier le temps de sédimentation des particules de plus de 15%, soulignant l'importance cruciale du contrôle thermique dans ce processus.
L'influence de la densité sur le comportement hydrodynamique se manifeste particulièrement dans le phénomène de stratification qui peut apparaître dans les grands volumes. Les particules en suspension, selon leur taille et leur densité spécifique, peuvent former des couches distinctes au sein du tourbillon, compliquant ainsi la formation d'un cône de trub homogène. Les dispositifs modernes intègrent des mécanismes de recirculation partielle qui permettent d'homogénéiser la distribution des particules et de contrecarrer cette tendance à la stratification.
Configuration optimale d'un dispositif à tourbillon performant
La conception d'un dispositif à tourbillon performant nécessite une approche holistique qui intègre de nombreux paramètres interdépendants. L'efficacité globale du système dépend non seulement des caractéristiques géométriques de la cuve, mais également des conditions opératoires et des propriétés physico-chimiques du moût traité. Une configuration optimale résulte d'un équilibre délicat entre ces différents facteurs, visant à maximiser la séparation des particules tout en préservant les qualités organoleptiques du produit.
Les recherches récentes ont démontré que l'efficacité d'un whirlpool ne peut être évaluée par un critère unique. Elle doit plutôt être considérée comme une fonction multivariée intégrant la clarté du moût obtenu, le taux de récupération (minimisation des pertes), la conservation des composés aromatiques et la consommation énergétique du processus. Cette approche multicritère a conduit au développement de méthodologies d'optimisation complexes, souvent assistées par des algorithmes génétiques ou des techniques d'apprentissage automatique.
Les simulations numériques jouent désormais un rôle prépondérant dans la conception des nouveaux systèmes, permettant d'explorer virtuellement différentes configurations avant la construction physique. Ces outils de modélisation, couplés à des validations expérimentales rigoureuses, ont significativement accéléré l'innovation dans ce domaine et contribué à l'émergence de designs de plus en plus sophistiqués et performants.
Géométrie tangentielle des entrées et ratio diamètre-hauteur
La géométrie tangentielle des entrées constitue un élément déterminant dans la formation d'un tourbillon stable et efficace. L'angle d'injection, traditionnellement fixé à 15-20° par rapport à la tangente, influence directement la distribution de l'énergie cinétique au sein du volume liquide. Les recherches récentes ont démontré qu'un angle légèrement plus fermé (12-15°) peut améliorer la stabilité du tourbillon dans certaines configurations, particulièrement pour les moûts à haute densité.
Le ratio diamètre-hauteur de la cuve représente un paramètre critique qui détermine largement la dynamique du tourbillon et l'efficacité de la séparation. Les études hydrodynamiques ont établi qu'un rapport optimal se situe généralement entre 1:1 et 1:1,2 pour les systèmes à tourbillon classiques. Un ratio plus faible (cuve plus plate) favorise une formation rapide du tourbillon mais peut compromettre la stabilité du cône de trub, tandis qu'un ratio plus élevé (cuve plus élancée) prolonge le temps nécessaire à l'établissement du mouvement rotatif tout en améliorant potentiellement la compacité du dépôt central.
La position verticale de l'entrée tangentielle influence également l'efficacité du système. L'approche traditionnelle place l'entrée à environ 60-70% de la hauteur totale, mesurée depuis le fond de la cuve. Cette configuration favorise la formation de courants secondaires qui contribuent à la concentration des particules au centre. Des études récentes ont exploré l'utilisation d'entrées multiples à différentes hauteurs, montrant des résultats prometteurs en termes d'homogénéité du tourbillon et de réduction du temps nécessaire à son établissement.
Conception du fond conique et évacuation des trubs chauds
La conception du fond conique constitue un élément crucial dans l'optimisation des systèmes à tourbillon. L'angle du cône, généralement compris entre 10° et 15° pour les installations standards, influence directement la stabilité et la compacité du dépôt de trubs. Un angle trop faible peut entraîner un étalement excessif des sédiments, augmentant la surface de contact avec le moût clair et risquant de compromettre l'efficacité de la séparation. À l'inverse, un angle trop prononcé peut provoquer un glissement prématuré des particules vers le point central, perturbant la formation ordonnée du cône de trub.
L'évacuation des trubs chauds nécessite une attention particulière dans la conception du système. Les dispositifs modernes intègrent souvent une vanne centrale spécifique, distincte de la sortie principale du moût clarifié. Cette vanne, idéalement équipée d'un mécanisme d'ouverture progressive, permet d'extraire les sédiments concentrés sans perturber l'interface entre le dépôt et le moût clair. Certaines installations avancées incorporent des systèmes de visualisation qui permettent à l'opérateur d'observer directement cette interface et d'optimiser le processus d'évacuation.
La rugosité de surface du fond conique joue également un rôle non négligeable dans le comportement des trubs. Une finition légèrement texturée peut favoriser l'adhérence initiale des premières particules, facilitant ainsi la formation d'une base stable pour le cône. Cette considération, autrefois négligée, fait désormais l'objet d'études spécifiques dans les laboratoires de recherche brassicole, avec des résultats prometteurs pour l'optimisation fine des installations.
Vitesse d'injection et temps de repos calculés selon méthode kunze
La méthode Kunze, développée par le professeur Wolfgang Kunze de l'Université technique de Berlin, propose une approche systématique pour déterminer la vitesse d'injection optimale et le temps de repos nécessaire dans un système à tourbillon. Cette méthodologie, largement adoptée dans l'industrie, s'appuie sur des corrélations empiriques validées par des décennies d'observations pratiques et d'études scientifiques.
Selon les principes établis par Kunze, la vitesse d'injection optimale peut être calculée en fonction du diamètre de la cuve, de la viscosité du moût et de la densité des particules à séparer. La formule généralement utilisée établit que la vitesse tangentielle à la paroi doit atteindre environ 0,8 à 1,2 m/s pour un whirlpool standard. Cette plage permet d'établir un tourbillon suffisamment énergétique pour assurer une bonne séparation sans provoquer de turbulences excessives qui pourraient redisperser les particules déjà sédimentées.
Le temps de repos, quant à lui, suit une relation non linéaire avec le diamètre de la cuve et la température du moût. La méthode Kunze propose une équation du type t = k × D^1.5 × (T/90)^-0.7
, où t
représente le temps de repos en minutes, D
le diamètre en mètres, T
la température en degrés Celsius et k
un coefficient empirique généralement compris entre 10 et 12. Cette formulation tient compte de l'influence combinée des dimensions du système et des propriétés thermophysiques du moût sur la cinétique de sédimentation des particules.
Matériaux et finitions de surface pour limiter l'adhérence des résidus
Le choix des matériaux et des finitions de surface constitue un aspect souvent sous-estimé mais crucial dans la conception d'un dispositif à tourbillon performant. L'acier inoxydable 316L reste le matériau de prédilection pour les cuves de whirlpool en raison de sa résistance exceptionnelle à la corrosion et de sa compatibilité alimentaire. Toutefois, au-delà du matériau lui-même, c'est sa finition qui influence directement l'adhérence des résidus et, par conséquent, l'efficacité à long terme du système.
Les surfaces intérieures des cuves modernes présentent généralement un polissage mécanique suivi d'un électropolissage qui réduit la rugosité moyenne à moins de 0,5 micron (Ra < 0,5 μm). Cette finition ultra-lisse limite significativement l'adhérence des protéines et autres composés collants du moût, facilitant ainsi le nettoyage et réduisant le risque de contamination croisée entre les brassins. Des études récentes ont même exploré l'application de nano-revêtements hydrophobes qui promettent de réduire encore davantage l'adhérence des résidus sans compromettre la sécurité alimentaire.
La conception des entrées tangentielles bénéficie également d'une attention particulière concernant les matériaux et finitions. L'utilisation d'inserts en céramique technique ou en alliages spéciaux au niveau des buses d'injection permet de réduire l'usure par abrasion liée au passage répété du moût à haute vitesse. Cette considération, particulièrement pertinente pour les installations à haut débit, contribue à maintenir la géométrie précise des entrées sur le long terme, assurant ainsi une performance constante du système au fil des années.
Applications spécifiques du tourbillon dans différentes techniques de brassage
Le principe du tourbillon, initialement développé pour la clarification post-ébullition dans le brassage traditionnel, trouve désormais des applications diversifiées dans l'ensemble du processus de production brassicole. Sa versatilité en a fait un outil polyvalent adapté à différentes techniques de brassage, des méthodes ancestrales aux innovations les plus récentes. Cette diffusion témoigne de l'efficacité fondamentale du principe hydrodynamique qui sous-tend son fonctionnement.
Dans le brassage de bières non filtrées ou troubles par design, comme certaines New England IPA ou bières de blé traditionnelles, le tourbillon est utilisé de manière sélective pour éliminer uniquement certaines catégories de particules indésirables tout en préservant délibérément d'autres composés en suspension. Cette approche modulée permet d'obtenir le profil de turbidité souhaité sans compromettre la stabilité ou les qualités organoleptiques du produit final. Les paramètres d'opération sont alors finement ajustés pour atteindre un équilibre précis entre clarification et préservation des caractéristiques désirées.
Les techniques de dry-hopping (houblonnage à froid) intensif, particulièrement populaires dans les craft breweries contemporaines, ont également bénéficié d'adaptations spécifiques du principe du tourbillon. Des systèmes hybrides combinant les avantages du whirlpool traditionnel avec des dispositifs d'extraction optimisés permettent désormais d'incorporer les arômes du houblon de manière plus efficace tout en minimisant l'introduction de matières végétales indésirables dans le produit final. Ces innovations répondent directement aux défis posés par l'évolution des préférences des consommateurs vers des profils aromatiques toujours plus intensément houblonnés.
Analyse comparative des performances entre systèmes statiques et dynamiques
L'analyse comparative des performances entre systèmes à tourbillon statiques et dynamiques révèle des différences significatives qui orientent le choix technologique selon les besoins spécifiques des brasseries. Les systèmes statiques, où le mouvement rotatif est uniquement généré par l'injection initiale puis maintenu par l'inertie du fluide, offrent une simplicité opérationnelle et une consommation énergétique réduite. En revanche, les systèmes dynamiques, qui maintiennent activement la rotation grâce à des pompes de recirculation ou des agitateurs mécaniques, permettent un contrôle plus précis du processus au prix d'une complexité et d'une consommation énergétique accrues.